Dialyse song – Chapitre 2 : Peau dure

juin 1, 2008

On démarre par la prise de tension initiale… mise en place du brassard, bras droit… je fais passer le tuyau relié à la machine par-dessus le fauteuil afin qu’il ne se coude pas… j’étends mon bras et le truc se met à gonfler…

Je suis passé par divers stades depuis deux ans et demi… au début, chutes d’hypotensions à cause de la batterie de médocs que je traînais encore du temps de la transplantation : 14,5 ans en rejet chronique avec une tension difficilement contrôlable… un cas ! Puis, au démarrage de la dialyse, après élimination progressive de certains cachets, phénomène inverse avec retour de l’hypertension… un cas, je vous dis !

Aujourd’hui, après avoir diminué puis totalement arrêté tous traitements, j’arrive à une certaine stabilisation… mon record de chute pendant une séance : « 7,5 » ! Et pas plus de malaise que ça, en dehors d’une grosse bouffée de chaleur accompagnée d’une suée mémorable !

J’ai relativement du pot : certains, à ce niveau, tombent dans les vapes et se font généreusement gifler pour être réanimés ! J’en soupçonne « certaines » qui se font un malin plaisir d’y aller de la taloche ! Non, j’déconne ! Les réactions à ces chutes sont différentes selon les individus.

Résultat du jour « 13,5/9 »… la diastolique (2ème chiffre) est toujours un peu élevée chez moi, comme bien souvent…

Les choses sérieuses vont commencer…

L’infirmière ouvre le set de branchement qui contient les gants, compresses, collants, garrot, accessoires nécessaires pour les branchements. Les aiguilles ont été préparées à part en même temps que les lignes et le rein : les aiguilles et le rein sont personnalisés pour chaque patient. Pour moi, j’ai droit au modèle le plus mahousse : des clampcaths ou cathéters… de véritables pieux ! Faut pas être impressionnable la première fois qu’on nous sort ces trucs ! Faut pas être douillet non plus ! Il y a bien les patchs anti douleur qu’on se colle aux points de ponction une bonne heure avant ; je les ai utilisés pendant deux ans, mais j’ai dû les abandonner car à la longue ils me donnaient des allergies et m’esquintaient la peau !

Bon, la force de l’habitude, ce n’est pas si terrible que ça ! On serre un peu les dents pendant deux secondes… et puis cela dépend des endroits… aïe, si ça tombe sur un nerf : une fulgurance le long de l’avant-bras qui remonte jusqu’au pouce ! Mais, ça va, dans l’ensemble je ne suis pas trop douillet ! Avec tous mes passages sur le billard depuis vingt ans, cela se saurait !

Le plus curieux, bien que j’aie la peau fragile, c’est qu’elle est dure comme celle d’un rhinocéros ! Le soignant qui n’est pas prévenu tombe parfois sur un « os »… des fois l’aiguille recule au lieu de s’enfoncer tellement la résistance est grande ! Maintenant, les nouveaux, je les préviens : – Allez-y franco, j’ai la peau dure !

Mon « bourreau » du jour enfile une blouse en papier, ajuste son masque et enfile ses gants… la parfaite panoplie pour ne pas être reconnue !

Deux mots sur la machine, quand même… il s’agit d’une Integra de chez Hospal (publicité gratuite) avec écran bien détaillé affichant tous les paramètres nécessaires… les différents affichages peuvent être faits à l’aide de touches digitales… pour ma part, je maîtrise quelques fonctions essentielles puisque je suis de près tout ce qui se passe sur l’écran (la machine est tournée vers moi)

Encore une fois, je suis le seul à faire de l’auto-surveillance, du moins pendant la séance de l’après midi… ben, tu parles si ça m’intéresse… c’est de ma peau dont il s’agit !