Transplant blues – Episode 19 : Première séance

juin 1, 2008

Deux mots, quand même, sur ce nouveau néphrologue que j’allais bien être obligé de fréquenter, assidûment d’abord durant mes six mois de dialyse (zut, fini le suspens !) puis, de façon épisodique pour des consultations d’après transplantation…

Grand, distingué, les cheveux blancs bien épais sur la nuque, « bel homme » diraient ces dames… Le genre calme et posé, toujours optimiste… peut être un peu trop parfois, au risque de minimiser les problèmes.

A l’instar de mon professeur de Bicètre, nos rapports allaient être assez privilégiés, en raison de mon implication dans l’association des insuffisants rénaux.

Cela allait d’ailleurs me valoir, quelques années plus tard, le privilège de faire partie d’une commission d’études ministérielle sur les coûts de la dialyse, en tant que représentant des malades, en compagnie d’une poignée des plus éminents néphrologues français, dont le mien qui en était le président (ce qui explique pourquoi j’avais été choisi !) Mais c’est une autre histoire… pour plus tard, peut être ? Parce que, là aussi, ce ne fut pas triste !

Vous avez compris que ma première expérience de dialyse n’a pas duré très longtemps ! Assez, cependant pour faire le tour de ce traitement avec ses bons et mauvais moments ! Je ne m’étendrais pas trop longtemps sur le côté technique des opérations, étant donné que j’y ai consacré quelques chapitres précédemment dans « Dialyse Song ».

Je me contenterai donc de vous narrer quelques anecdotes savoureuses sur ces six mois… le but est quand même d’en arriver, après tous ces détours, au sujet principal de ce récit… à savoir, ma transplantation ! Les moments de bravoure ne manqueront pas, là aussi… le parcours est encore long, semé d’embûches et de souvenirs édifiants !

Commençons par le tout premier jour puisque je ne suis pas prêt de l’oublier ! Les « premières fois » ça ne s’oublie pas !

Première séance… je passe par le vestiaire et mon toubib me fait entrer dans la première grande salle (il y en avait deux principales, séparées par un long couloir, et une petite, à part… en tout une bonne quinzaine de postes)

Il me présenta, tour à tour, l’infirmière qui allait s’occuper de moi : Nathalie (que j’aurai la surprise de retrouver 15 ans plus tard dans un autre centre), puis la machine qui allait me prendre en charge : Fresenius !

Ma voisine de fauteuil, une jeune femme d’une trentaine d’années, m’accueillit d’un sonore :

– Bienvenue chez les cassés !

Voilà une entrée en matière peu ordinaire… le ton était donné… cela allait être le début de mes séances du soir pas tristes du tout, avec quelques phénomènes dans le genre de cette Ghislaine, boute en train aux allures et manières d’un vrai Titi parisien ! Elle avait eu et aurait pourtant bien des malheurs et soucis, mais cela ne l’empêchait pas d’être optimiste et pleine d’entrain. Toujours partante pour la déconne, apostrophant les uns et les autres, malades et soignants, dès qu’elle sentait planer une once de morosité.

Bon… revenons à ce branchement… Pour cette première fois, l’expérience ne durerait que deux heures, afin de voir comment mon organisme allait réagir. La durée normale était de trois heures, en hémodiafiltration (méthode de dialyse qui combine hémodialyse et hémofiltration… on en restera là car cela nécessiterait trois pages d’explications techniques !) Bref, un procédé assez révolutionnaire permettant à la fois un gain de temps mais aussi une meilleure épuration… Je ne prends pas partie, je vous raconte ce que l’on m’a dit !

Autre caractéristique : utilisation d’une seule aiguille à fistule uniponction… les lignes artérielle et veineuse étant reliées à cette même aiguille. Ce sont les pompes du générateur qui alternativement aspireront le sang artériel ou rejetteront le sang veineux par ce seul point de ponction. L’avantage est évident : une seule piqûre… c’est meilleur pour la peau et la fistule. Par contre, je pense que l’utilisation classique de deux aiguilles permet certainement une meilleure différenciation dans la circulation sanguine.

Rien à dire de plus, en dehors du fait que tout s’est bien passé… une perte de virginité d’hémodialysé en douceur !