Infirmière de dialyse : un métier à multiples facettes.

Une interview intéressante vue sur le Net.


Infirmière en chef de l’unité d’hémodialyse hospitalière des Cliniques Universitaires Saint-Luc, Geneviève André dresse avec nous le portrait de ce métier complexe et difficile qu’elle exerce avec passion depuis 33 ans déjà.


Quels sont, selon vous, les changements qui ont le plus marqué votre profession ?


Les techniques ont énormément évolué en 30 ans : les appareils de dialyse ont gagné en automatisation et en sécurité de sorte que le temps consacré par les soignants à la technique s’est considérablement réduit, avec comme revers une maîtrise plus difficile à acquérir de cet aspect de notre travail. Ce temps « récupéré » sur la technique nous permet de répondre aux besoins de surveillance clinique plus importants de nos patients. En effet, comme c’est le cas dans tous les pays occidentaux, la population vieillit, les patients traités en dialyse sont de plus en plus âgés, ce qui modifie profondément le profil de nos patients. Notre formation initiale doit donc désormais être complétée par une formation gériatrique et en soins palliatifs.

Le rôle de l’infirmier/ère de dialyse est donc très varié.

Tout à fait ! Si, au quotidien, nous sont principalement occupés par « l’arrimage » du patient à la machine, ce qui requiert de la dextérité et une compréhension pointue des étapes du traitement, nous devons aussi être attentifs aux conséquences de ce dernier sur le plan physique, et ce sans négliger l’impact psychologique et social de la maladie. Présents en permanence auprès du patient, nous sommes les intermédiaires privilégiés entre le patient et tous les membres de l’équipe multidisciplinaire qui le prend en charge (néphrologue, diététicien(ne), assistant(e) social(e)…)

L‘infirmier/ère de dialyse doit-il/elle faire preuve de plus de psychologie que ses collègues travaillant dans d’autres services ?


La grande majorité de nos patients sont des malades chroniques. La dimension relationnelle prend donc beaucoup de place. Ils viennent se faire dialyser 3 fois 4 heures par semaine… le plus souvent à vie ! Au fil du temps, ils font partie de notre famille. Nous sommes d’ailleurs parfois leur seule famille. Il faut les soutenir en permanence en commençant par rendre leurs séances de dialyse le plus agréables possible. Certains lisent, la plupart regardent la télévision ou en profitent pour s’assoupir, d’autres ont besoin de parler mais tous, à un moment donné, ont besoin d’être écoutés. La dialyse est aussi le seul traitement qui s’effectue encore en salle commune. Il faut donc apprendre à faire attention à chacun tout en gérant un groupe, une microsociété, avec tout ce que cela comporte… Une vraie gageure !

Propos recueillis par Aurélie Bastin. 29/01/2008

Laisser un commentaire